La compassion miroir

Réflexion d’un samedi où j’écris, puisque tel est mon métier et que cette activité se passe par moment difficilement d’une journée fut-elle de week-end. J’écris donc en ce samedi matin, tout en gardant un œil (par habitude) sur Twitter. Et soudain, alors que je me lance dans un court texte sur Erri de Luca, je me souviens de l’émoi causé par la plainte déposée contre lui il y a quelques semaines. Où est passé cet engouement ? Mais où sont passés ces twittos qui s’indignaient ? Est-ce que tout le monde s’en fout à présent que l’on a dit ce que l’on avait à en dire ?

 

Une petite recherche dans ma TL, puis sur les réseaux sociaux en général, ne me renvoie qu’à cette « prière laïque »* dite par l’écrivain pour les migrants morts en méditerranée. D’ailleurs oui, qui parle encore de Lampedusa sur ma TimeLine ? Hier et aujourd’hui : le Népal. Avant-hier : Serge Atlaoui. Il y a 3 mois : Charlie… On montre sa compassion (parfois son indignation) tous en chœur. Et puis on oublie. Ou c’est comme si…

 

Une « compassion miroir » qui ne dure bien souvent que le temps d’un retweet ou d’un j’aime…Et qui n’est finalement que la petite musique des réseaux « sociaux ». Reflets de notre société ? J’espère tant que non…

 

 

* « Notre mer qui n’est pas aux cieux,

Toi qui embrasses les confins de l’île et du monde.

Que ton sel soit béni,

Que tes fonds soient bénis.

Accueilles les embarcations bondées,

Sans aucune route au-dessus de tes vagues.

Pêcheurs sortis dans la nuit,

Leurs filets entre tes créatures qui reviennent au matin,

Avec la pêche des naufragés sauvés

 

Notre mer qui n’est pas aux cieux,

À l’aube tu es couleur de froment,

Au coucher du soleil couleur de vendanges.

Toi que nous avons semée de noyés,

Plus que n’importe quel temps de tempête.

 

Notre mer qui n’est pas aux cieux,

Tu es plus juste que la terre ferme.

Même quand tu soulèves des vagues en forme de murailles

Et que tu les abaisses en tapis.

Protège les vies, les vies tombées

Comme des feuilles dans une allée.

Soit pour elles un automne,

Une caresse, une étreinte, un baiser sur le front.

Soit leur père et mère, avant de partir. »

 

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