La communication est un métier, mais surtout un art. Et comme tout art, le faux pas est vite arrivé. Ainsi, un simple « Je » au lieu de « Nous » dans une phrase telle que « J’ai mis fin à la vie commune… » peut vous faire passer en un rien de temps pour un affreux goujat.
Le couac de communication ne tient donc quelquefois que dans un pronom sujet. Mais d’autre fois, on se dit que le couac est recherché, forcément ou alors, c’est que…
Il était au départ un bad buzz : le cas séduction by Kamal
Posons le décor ou plus exactement dessinons la trame de l’article (oui je sais, cela se fait normalement dans le chapô mais voyez-vous, le chapô est trusté par François aujourd’hui). Donc, résumons : en aout 2013, Diké suivie par quelques blogueuses féministes, s’est émue de la présence en ligne depuis plus d’un an, d’un article incitatif au viol* sur un blog de Pick Up Artist **(références et explications à la fin de cet article).
Suite à ce bad buzz, l’agence de Com*** ainsi que le rédacteur se sont fendus d’un billet explicatif (revendicatif ?) sur le blog même de l’agence. Billet fort mal reçu en raison d’un contenu plutôt maladroit. Billet qui fut d’ailleurs retiré rapidement.
L’histoire aurait pu (et même dû) s’arrêter là. Sauf que récemment, l’une des blogueuses féministes ayant relayé l’appel de Diké, fut victime d’une tentative d’influence des recherches destinée à associer son nom à l’adjectif « malhonnête ». Et, malheureusement pour lui, il semblerait que la commande réalisée, sur la plateforme Amazon Mechinal Turk ai été faite au nom du responsable de l’agence mise en cause.. Technique totalement inutile d’ailleurs et étonnante venant de la part d’un professionnel de « l’e-reputation ».
Quelquefois, la mauvaise Com, c’est plus qu’un pronom mal défini
Oui, parce que si dans le cas du monsieur du chapö il est à peu près certain que dans quelque temps nous aurons oublié son manque de tact, pour une agence de communication se prendre les pieds dans sa communication, c’est encore plus délicat à gérer. Or, 4 erreurs ont été commises par le responsable de cette « agence » :
- Avoir réagi à chaud : la blogueuse Diké s’était déjà émue en privé auprès de lui du ton de cet article : sans résultats. Il aurait mieux valu prolonger ce silence et en profiter pour réfléchir à un « angle de réponse » .
- Avoir réagi tout court : les blogueuses féministes sont nombreuses sur le web. Leur rayon d’action est important (blogs mais également réseaux sociaux et forums). Dans ces conditions, faire face à une attaque lorsque l’on est seul est peine perdue
- Avoir réagi en ligne : rien sur le web ne s’efface. Capture d’écran mais également waybackmachine. En somme, les erreurs restent elles aussi gravées dans le marbre
- Avoir voulu rattraper son couac : et avoir fait un couac encore plus gros. Il n’est bien sûr pas agréable de se voir attaquer sur son professionnalisme (que l’on en ai ou pas) mais il n’y a rien de mieux que de faire preuve de professionnalisme pour contrer l’attaque. Finalement…
Cette histoire est navrante, mais doit nous rappeler trois choses à nous animaux professionnels communicants.
- Non, on n’écrit pas n’importe quoi, même sous le prétexte d’une commande. Il est nécessaire d’avoir et de garder une certaine responsabilité vis-à-vis de ses mots même si on ne veut pas parler d’éthique.
- En cas de sujet pouvant se révéler glissant (je stoppe tout de suite ici les lecteurs à l’esprit mal placé :o)) il est bon de se faire relire et d’adopter un regard extérieur lors de la correction. Parce que, bon, le « sexe hard », rien qu’au titre, on sait que ça peut déraper…
- Une bonne communication doit prendre son temps, à l’heure des réseaux sociaux aussi (surtout !)
* Diké, dans un article intitulé Pick Up Artists : le Marketing de la violence misogyne relève quelques phrases dans l’article de Kamal dont : « perdre tout contrôle de la situation et un « turn on » majeur pour les femmes » ou encore « Imposez votre puissance »…
** Le Pick Up Artist est un artiste de la drague. Dans le cas qui nous intéresse, Kamal vend son savoir-faire au travers d’eBook…
*** Agence de communication que je ne citerai pas, parce que je trouve inutile d’en rajouter et un peu (je l’avoue) par pitié.
Eh oui il faut savoir garder la tête froide et prendre du recul pour communiquer efficacement. Cette histoire,cette accumulation de maladresses, semble étonnante de la part de professionnels de la communication mais elle est sans doute révélatrice du paradoxe qu’il y a à mûrir sa réflexion, et sa communication, dans un monde qui va à 100 à l’heure, notamment à cause des réseaux sociaux et d’Internet en général.
Pas toujours facile de prendre son temps, hein?
Non : prendre son temps prends du temps ;o) Merci de passer ici et de prendre le temps de commenter !
En fait, je n’ai pas compris sa façon d’agir… mais peut-être est-il juste pro sur le papier.