Elle parcourt ce petit monde d’un regard bleu azur. Cherchant parmi les boites de conserves alignées là, un repère. Ou peut-être un phare. Je l’entends murmurer « Évidemment, il n’y a plus les biscottes. Ils les ont enlevées. Évidemment, ils l’avaient dit à la télé. Évidemment ».
Évidemment, je n’ai pas d’existence pour elle. Elle me frôle. Je l’entends encore marmonner. Évidemment, il n’y a pas de biscottes. Évidemment. Son corps remplit l’espace. Fragile, courbé. Il lui reste la grâce. Celle qui affola les hommes. Évidemment. S’en souvient-elle ?
Elle s’éloigne. Je la regarde. J’aimerais la rattraper. La toucher, là où elle est. En ce qu’elle est encore. Lui montrer les biscottes qui ne sont pas là. Mais qui pourraient être là. Évidemment, je n’en fais rien. Et je me demande quelles évidences restent encore pour elle… hormis cette absence de biscottes.