Tu as presque la même taille que moi, à un ou deux centimètres près — mais je vais me tasser —, toi la petite crevette que je portais avec tant de précautions il y a 25 ans. Ton arrivée avec une semaine d’avance (naître le 11 novembre, un jour férié, semblait te déplaire) est gravée en moi, dans ma chair, dans ma mémoire. La salle de travail, le temps long de l’attente et puis toi, ton cri qui ne vient pas aussitôt, cette peur, et ton corps qui pèse en dehors de moi, contre moi, après avoir pesé en dedans.
Il faisait beau ce jour-là, il y a 25 ans. Un froid soleil d’hiver qui nous a accompagnés durant notre séjour à la maternité. Tu dormais dans ton petit lit, tout près de la baie vitrée pour faire passer ta jaunisse du nourrisson. Je te couvais des yeux. On ne dit jamais assez l’importance que revêt une première naissance…Tu as été, tu es encore, celle-ci.
Un quart de siècle plus loin, tu as pris ton envol. Un bel envol. Une vie qui s’ouvre au mieux. Et tu la mérites.