Reste le souvenir de la chaleur humide, celle qui nous a saisis lorsque nous avons posé le pied sur le tarmac de Pointe-à-Pitre. Celle que l’on retrouvera ensuite surtout lors des excursions dans la forêt tropicale de Basse-Terre, puisque nous sommes en vérité en saison sèche en Guadeloupe. La nature en porte les stigmates. Dans la région où nous allons loger (Saint-François en Grande-Terre) se succèdent les prés jaunis par le soleil et les arbres déplumés sur lesquels repoussent seulement quelques toupets de feuilles vertes.
Une seule fois, après une averse un peu plus violente que les autres, nous connaitrons dans la maison les 90 % de saturation ressenti à notre arrivée. Les averses pourtant quasi quotidiennes ne mouillent qu’à peine le sol de la Grande-Terre où ne coule aucune rivière. Nous apprendrons d’ailleurs que pour pallier le manque d’eau, les autorités locales organisent régulièrement des coupures sur le réseau. Pourtant et étonnamment, très peu de maisons semblent équipées de récupérateurs d’eau de pluie. Mais comme je le constaterai plus tard et autrement, l’écologie et la gestion des ressources naturelles semblent loin d’être une priorité en Guadeloupe.
Arrivée le lendemain du premier tour des départementales, mon second étonnement viendra de la façon un peu particulière et somme toute amusante dont font campagne les candidats et leurs équipes. Si bruyamment que j’en arriverai à excuser les vociférations de certains ténors métropolitains. En Guadeloupe la campagne électorale semble en effet être le reflet de la vie : sonore et en plein air. Chaque équipe, munie de pick-up chargés de 3 ou 4 baffles à faire pâlir d’envie n’importe quel groupe de hard débutant, sillonne les rues et les routes du canton, hurlant (pour si jamais la puissance des baffles ne suffisait pas) les griefs et les reproches à l’encontre de l’équipe adverse. Les discours sont bien entendu entrecoupés de plages de zouk et sans doute (mais restant à prouver) d’arrêts stratégiques, la benne du pick-up regorgeant également de chaises en plastique blanc. Quant aux affiches, elles sont généralement collées haut, et même très haut. Nous en avons déduit (peut-être un peu rapidement) que c’était pour en empêcher l’arrachage. Une seule chose nous rapproche de la métropole : les acronymes utilisés. Là-bas aussi, l’UMPS semble être rentré dans le langage électoral…
Mais bien d’autres étonnements, surprises et beaux souvenirs viendront de ce séjour sur cette terre riche en histoire et traditions et nommée quelquefois, à tort, mais si joliment : Karukéra